"Le plus important est le travail en équipe avec l'instit"
Je suis atsem depuis deux ans. Avant, j'ai fait un peu de tout : photographe, libraire, aide médico-psychologique dans un IME (Institut médico-éducatif) avec des enfants autistes, en attendant d'avoir mon poste d'atsem. J'ai aussi fabriqué des jouets en indépendante, ce qui m'a fait approcher les enfants. J'ai un bac+2 en audiovisuel et arts plastiques.
J'ai préparé mon CAP petite enfance fin 2001 par le CNED (centre national d'enseignement à distance). L'année suivante, j'ai passé le concours ATSEM à Angoulême que j'ai eu du premier coup. La préparation n'a pas été compliquée car l'écrit ressemble beaucoup à celui du CAP petite enfance dont les notions étaient fraîches dans ma mémoire (la loi sur l'hygiène, la symbolique des produits d'entretien…) J'avais acheté deux petits livres et le centre de gestion m'avait fourni un document de 40 pages sur les collectivités. J'y passais quelques heures par semaine tout au plus. L'oral a été plus difficile. On nous demande pourquoi on veut faire ce travail, ce qui nous intéresse et on nous pose des questions sur les institutions, la vie en équipe. Ce sont des questions de mise en pratique, comme par exemple : que faites-vous si vous avez un problème avec un collègue ? C'est une manière détournée de demander : qui est le patron de qui ? Ce n'est pas un concours de niveau bac+5 mais celui qui l'a est en haut du panier. Cela dépend du nombre de places donc d'un coup de chance. J'ai eu un entretien avec des élus, la secrétaire générale, quelqu'un du CNFPT (centre national de la fonction publique territoriale). Dans l'école, je suis la seule à avoir eu le concours. Deux anciennes atsem ont été recrutées parce qu'elles étaient mamans, à une époque où on donnait le titre d'office, sans concours.
J'ai envoyé des cv dans toutes les écoles, mairies et communautés de communes à 30 km autour de chez moi, dans le secteur d'Angoulême. J'ai aussi demandé au centre de gestion de me tenir au courant, mais ils ne reçoivent pas toutes les offres. J'ai eu des réponses toutes négatives. Comme j'étais sans boulot, j'ai travaillé dans un IME (institut médico-psychologique). Chaque année au mois de juin, je recommençais à envoyer mon cv en me disant qu'il y aurait bien des départs en retraite. Le concours Atsem n'étant " réutilisable " que trois ans, j'allais être bonne pour le repasser. Heureusement, j'ai trouvé en 2005. Le SIVOS (syndicat intercommunal à vocation scolaire) de Mont Moreau m'a contactée à cause d'un départ en retraite. Ils m'ont convoquée en juin 2005 avec deux ou trois autres personnes. J'ai eu un entretien avec 3 membres du SIVOS (maires et président). Ils privilégient les gens qui habitent le secteur mais comme j'ai travaillé trois ans à l'IME de Mont Moreau, à 25 km de chez moi, cela a joué en ma faveur.
J'ai passé le concours ATSEM le 30 avril 2003 et j'ai eu l'oral le 12 juin. Je l'ai eu du premier coup, à Cahors. J'étais la plus stressée, mais je l'ai eu. Nous étions 400 à le passer, 127 ont réussi l'écrit et 70 ont été reçues. Il y avait même des personnes qui avaient un bac ou un BTS, mais qui ne l'ont pas réussi pour autant.
C'est très bien. Et plus relaxant que de travailler avec des enfants autistes ! Je travaille avec les grandes sections. Je fais tous les ateliers manuels : pâte à sel, peinture, bricolage pour Noël, préparation de gâteaux, de brioche, je m'occupe de leurs cahiers. Nous avons un projet d'école autour de l'alimentation et du jardin. On plante des radis, on a un compost, on recycle, on fait des sculptures sur légumes. Nous travaillons à temps partiel, uniquement sur le temps scolaire, de 9h à 16h30, mais en journée continue, avec la cantine. Nous n'avons pas de ménage, seulement un quart d'heure de rangement de ma classe. Un agent de service fait le ménage. Il a été embauché quand c'était deux mamies qui étaient atsem et on l'a gardé comme ça.
C'est un chouette travail. Le plus important est le travail d'équipe avec les autres atsem et l'instit'.
C'est un travail bruyant, même assourdissant. Quand ils sont 60 ou 70 gamins à jouer, cela fait forcément du bruit. Je regrette aussi qu'on ne fasse pas partie du projet d'école. On est les mains mais pas la tête. On s'entend très bien mais chacun reste à sa place. Je vais peut-être passer l'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) pour être aussi la tête...