"C'est un beau métier"
A la base, j'ai un CAP d'hôtellerie. Mais je n'ai pas continué à cause d'un problème de dos et par rapport à la famille. Je voulais garder ma fille à la maison. Pour qu'elle ne soit pas seule, j'ai gardé la fille d'une amie. C'est comme ça que je suis devenue assistante maternelle dans une crèche familiale.
Quand les enfants ont grandi, j'ai voulu entrer dans les écoles. Avec les 0-3 ans, ce qui m'intéressait c'était de préparer les activités, d'art plastique notamment. Je voulais le faire en maternelle. J'avais un bon dossier à la crèche familiale pour laquelle j'étais salariée de la ville d'Eaubonne depuis 1997. J'ai écrit une lettre au maire pour demander un changement de poste. Je suis passée d'un service à l'autre.
Oui. Au départ, j'avais le titre d'agent d'entretien tout en occupant les fonctions d'atsem dans une école maternelle de 9 classes. Rapidement, j'ai fait valoir mes acquis pour avoir le CAP petite enfance. Avec dix ans d'expérience en petite enfance et mon CAP hôtellerie, je n'ai pas eu à passer la théorie. J'ai simplement préparé un mémoire pendant que je travaillais déjà à l'école.
J'ai passé le concours ATSEM le 30 avril 2003 et j'ai eu l'oral le 12 juin. Je l'ai eu du premier coup, à Cahors. J'étais la plus stressée, mais je l'ai eu. Nous étions 400 à le passer, 127 ont réussi l'écrit et 70 ont été reçues. Il y avait même des personnes qui avaient un bac ou un BTS, mais qui ne l'ont pas réussi pour autant.
A Eaubonne, on n'est pas obligé de passer le concours ATSEM. Le maire ne nous met pas la pression là-dessus. Mais si on ne le passe pas, on reste agent d'entretien. Donc si vous voulez être sûre de rester auprès des enfants, il vaut mieux le passer. J'ai des collègues qui sont atsem sur leur fiche de paye sans avoir ni le CAP petite enfance ni le concours, mais c'est parce qu'elles sont rentrées avant que cela ne devienne obligatoire, en 1991.
Je l'ai préparé très assidûment tous les jours. Au début, j'apprenais par cœur sans tout comprendre. Sur les livres, on a les bases, mais on ne vous explique pas tout. Après deux échecs, j'ai demandé à une adjointe de la mairie de nous donner un cours sur le fonctionnement d'une collectivité. En deux heures, elle nous a expliqué comment interpréter telle ou telle question. Les budgets de fonctionnement par exemple, ce n'est pas évident. Quand on a une question là-dessus, avec quatre réponses qui se ressemblent et qu'il faut en choisir deux ou trois, ça dégage très vite… Ma hiérarchie a apprécié ma démarche. J'ai posé beaucoup de questions à ma chef et elle se renseignait en mairie pour me répondre. La quatrième fois, il fallait que je l'aie ! Il fallait que ça me parle, que je me mette à la place de monsieur le maire. Il fallait décanter cette complexité, comprendre de quoi je parlais.
Oui, je me suis aussi servie d'Internet où on trouve des QCM interactifs du concours ATSEM et des annales corrigés en ligne pour le préparer. Je communique aussi avec d'autres candidates au concours ATSEM sur des forums.
Oui, j'ai eu l'oral haut la main avec 19. J'ai fait un gros travail sur moi car avant, je paniquais, je tremblais, j'avais la trouille. Je suis tombée sur deux femmes et le courant est passé tout de suite. Elles m'ont demandé de me présenter ainsi que mon cursus professionnel. Elles m'ont posé des questions sur la petite enfance, le médical (vaccins des enfants, soins en cas de brûlure), l'entretien des locaux (les produits d'entretien). Parfois il y a des questions pièges comme : que faites-vous si un enfant n'aime pas le contenu de son assiette ? On essaye de lui faire goûter mais on n'insiste pas.
Ce n'est pas difficile de parler de la petite enfance quand vous connaissez votre métier, mais sur les collectivités territoriales, il faut être béton : sur le maire, les budgets, le Préfet, le président de la République, les collectivités d'outre-mer… J'ai une collègue qui le passe pour la cinquième fois ! L'an dernier, j'ai rencontré quelqu'un qui le passe depuis dix ans ! En 2005, nous étions 2500 inscrites pour 160 postes sur la grande couronne parisienne. Mais des gens arrivent de partout pour le passer, de Nantes, de Normandie… Ensuite, elles ne sont pas sûres de trouver un poste chez elles. Je trouve qu'il faudrait limiter par région.
Oui, car c'est une valorisation pour l'Atsem. Nous ne sommes pas toujours considérées à notre juste valeur. Nous ne sommes pas des femmes de ménage. Nous sommes importantes. L'instit' a sa classe mais sans Atsem, ce n'est pas évident.
Je suis attachée à une classe petite section, après avoir eu des moyens. Je suis multi-polyvalente. Je fais l'accueil avec la maîtresse, les jeux, les câlins s'il y a des pleurs, je prépare les activités, je fais du découpage si besoin, je change un enfant en cas d'accident. A l'heure du déjeuner, je récupère les enfants pour la cantine. Nous mangeons avec eux, à une Atsem par table. Nous sommes sur le terrain pour l'éducation nationale avec l'institutrice de 8h20 à 11h30 puis de 13h20 à 16h20 (sieste et classe) et pour la collectivité territoriale de 11h20 à 13h20 à la cantine ou dans la cour avec un agent d'animation de la mairie.
Dans les grosses écoles, les Atsem ont une heure de ménage (couloirs, toilettes, salles de jeux). C'est prévu dans notre contrat. Mais comme j'ai un problème de dos, le médecin du travail m'a placé sur un poste sans ménage, dans une école maternelle et primaire où une société de nettoyage vient pour le faire. J'ai une amie Atsem dans le nord dont le travail n'a rien à voir. On n'hésite pas à lui faire faire du gros ménage de gymnase ou de la cuisine de cantine. C'est au bon vouloir de Monsieur le maire. Question de budgets. C'est souvent le cas dans les petites mairies. Heureusement, à Eaubonne, on respecte bien le travail de l'Atsem, on est bien considérées.
C'est un beau métier. J'adore ce que je fais. La meilleure récompense, c'est les enfants. On a des journées longues et lourdes mais quand le soir un enfant vient vous embrasser en disant " au revoir Patricia, à demain ", c'est que du bonheur !